Comment la mode peut devenir un engagement politique pour chacun d’entre nous !
Il me semble important de vous raconter ce qui se joue avec cette loi contre la « fast fashion » qui vient d’être votée à l’assemblée Nationale à l’unanimité des voix ! Ce qui est aujourd’hui une pépite en soi ! Quand on sait à quel point les politiques préfèrent être dans l’affrontement plus que dans la coopération. Et il serait possible que la cause l’emporte sur tout le reste et ça c’est tant mieux !
Mais quelle est cette cause qui fait l’unanimité ?
C’est celle de l’avenir de la mode française et de toute la chaine de valeur du textile en France mais aussi en Europe. En effet aujourd’hui de nouveaux acteurs de la mode, que l’on appelle « fast fashion » passent en dessous des radars et des obligations que doivent remplir les marques de mode française et européenne. Ces ventes représentent 20 % du marché par la vente en ligne. Et pourtant, ils ne respectent pas les normes de l’UE établies comme :
- La non-utilisation de produits chimiques.
- Le paiement de droits de douanes pour des envois au tarif inférieur à 150 €.
- Le devoir de vigilance.
- L’affichage environnemental.
- Le respect des normes sociales et environnementales dans leur pays d’origines.
- Le paiement d’impôts sur le territoire de vente puisqu’ils n’ont ni magasin ni siège aussi bien en Europe qu’en France.
Ils opèrent ainsi une concurrence déloyale pour tous les commerçants qui sont à côté de chez vous, qui font vivre vos centres villes et vos quartiers, et qui participent à la vie en commun sur le territoire, en payant ici leurs impôts, et en faisant travailler les populations locales.
La fausse bonne idée
Alors si vous pensez faire une affaire en achetant pas cher parce que c’est bon pour votre budget, alors c’est un mauvais calcul qui de plus n’a pas de sens… Au final :
- Vos armoires sont pleines de vêtements de mauvaise qualité.
- Vous achetez des vêtements dont on se lasse vite, (1/3 ne sortent pas du placard et 62 % finissent à la décharge).
- Leur composition est principalement en polyester (70 % des vêtements en sont composés) qui provient de la pétrochimie très impactante pour le climat.
- Vous encouragez une surproduction qui met en surchauffe les écosystèmes de la planète.
Le textile est non seulement un des secteurs le plus polluant au monde, mais en plus est très irrespectueux des droits humains. Une mauvaise image mondialisée alors que les marques françaises doivent respecter de plus en plus de normes et de réglementations.
Une loi qui ouvre une porte mais qui ne suffit pas
Oui, on est tous très enthousiastes que la France ouvre le débat et entame le chemin pour protéger nos commerces, nos marques et notre industrie. Et nous pouvons remercier ceux qui ont menés le combat : Victoire SATTO, Julia FAURE et Yann Rivoallan
Par contre, le malus environnemental proposé reste trop faible par rapport à un prix encore trop bas pour des vêtements très nocifs et incontrôlables. Il faudra rapidement aller plus loin, pour plus de transparence, de traçabilité et d’accès aux informations pour acheter en conscience. Et aussi faire que l’Europe s’y engage aussi rapidement.
Comment changer la mode ?
Il est indispensable que des lois nous obligent à changer notre façon de consommer et de concevoir la mode.
La commission Européenne propose de supprimer le seuil de franchise en 2028, ce qui est une excellente proposition, mais c’est bien top loin il faut aller plus vite !
Elle s’attaque aussi à la « fast fashion » pas le biais des déchets en les obligeant à organiser la collecte, le tri et le recyclage de leurs productions en fin de chaîne. En effet aujourd’hui sur 12,6 millions de tonnes par an de déchets textiles en Europe, seulement 1% est recyclé dans le monde.
Des tables rondes en France travaillent sur des projets pour favoriser les produits fait en France comme une taxe carbone bénéficiant à la fabrication française, ou une TVA avantageuse, mais aussi comme la revalorisation du travail dans l’industrie textile.
Des règlementations doivent favoriser absolument une industrie textile adaptée à notre planète, à nos écosystèmes, plus locale et plus humaine. En ce sens une pétition à vue le jour pour la baisse de la TVA sur le made In France.
Et pour changer, Il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser les consommateurs :
- A ce qu’est le juste prix d’un vêtement fait localement.
- A ce que sont des vêtements durables et intemporels.
- Au prix d’une fabrication locale qui permet de vivre décemment.
- A une conception responsable qui n’endommage pas encore plus la planète.
- A réparer et réutiliser nos textiles.
Ainsi il est possible aujourd’hui d’envisager un avenir responsable à l’industrie du textile et de la mode. En changeant nos habitudes d’achats, avec des pratiques plus responsables et plus en conscience. En gardant plus longtemps de beaux vêtements, fabriqués pour durer et pour être réparés, près de chez nous. Mais aussi en votant pour les acteurs politiques qui portent le projet de protéger notre secteur textile et notre environnement (le secteur textile qui emploie plus que le secteur automobile).
Voilà, la mode est donc politique !